Tu fais quoi dans la vie ?

hello

C’est une question qui m’a souvent beaucoup angoissée. Quand j’étais plus jeune, on me demandait ce que je voulais faire, ça allait parce que j’ai toujours fait partie de la team qui sait ce qu’elle veut. J’ai pas fini exactement au même endroit mais j’ai toujours eu un objectif vers lequel j’allais, je ne me suis jamais sentie perdue. Mais une fois que j’ai terminé mes études, ça a toujours été compliqué de répondre, parce que je devais sans cesse adapter ma réponse et l’expliquer aux gens. Quand on est boulanger, c’est simple : tout le monde sait ce que c’est.

"Je suis community manager"

C’était mon premier métier et la plupart des gens ne savaient pas vraiment ce que c’était, ce que je faisais. « Quoi ? Tu passes ta journée sur les réseaux en gros ! » Oui, un peu, sauf que je ne me balade pas entre les vidéos YouTube et les tweets marrants. Et alors imaginez, quand je disais que j’étais community manager pour une influenceuse, là… C’était un combat de regards incompréhensifs en face de moi. Déjà, un métier un peu inconnu mais en plus je bosse pour un autre métier inconnu ? Aujourd’hui ça se démocratise, mais imaginez il y a presque 4 ans, on me regardait de travers !

"Je suis influenceuse"

Alors le pompon, c’est quand moi-même, j’ai lâché ce boulot de community manager pour me lancer à plein temps dans mon travail d’influenceuse en mai 2018. « Quoi ? Tu gagnes de l’argent en faisant des photos sur insta ? Bah c’est facile, moi aussi je vais faire ça ! » bon, si facile, ça ne l’était pas, puisqu’aucune des personne qui ne m’a dit ça n’a jamais gagné un centime comme ça. Mais dans la tête des gens, encore une fois, c’était bizarre de se dire qu’on pouvait gagner de l’argent sur internet en créant simplement du contenu.

"Je suis créatrice de contenu"

Après quelques mois à me prendre des remarques pas très agréables, j’ai changé de formulation et j’ai commencé à parler de création de contenu ou de blog plutôt que parler d’influence. Blogueuse, c’était encore un peu trop skyblog pour certains, mais quand je parlais de création de contenu (et si j’ajoutais « digital » à la fin), c’était tout de suite très pro dans la tête des gens. Mon métier ne changeait absolument pas, mais pour les autres, je travaillais un peu plus.

"Je suis formatrice"

Là, dans la tête des gens, c’est la classe ! Alors il suffit que j’ajoute que je forme des entreprises comme le Crédit Agricole ou que je donne des cours en master dans une école de commerce pour qu’on ouvre des yeux tous ronds ! Pourtant, je partage seulement ce que j’ai appris en tant qu’influenceuse (tu sais, le métier qui n’est pas vraiment considéré comme un métier). C’est assez ironique comme situation, au final.

"Je suis chef d'entreprise"

Et voilà, j’ai atteint le Saint-Graal. À 26 ans, pouvoir dire que je suis chef d’entreprise, dans la tête des gens, c’est incroyable. J’ai créé ma première entreprise il y a 5 ans pourtant, pour être influenceuse. Mais quand je dis que je suis directrice d’une boîte de communication, ça marque beaucoup plus les esprits, on dirait. On dirait que ça force l’admiration, alors que mon quotidien est plus ou moins le même depuis 5 ans. Mais maintenant, ça compte et on arrête de m’envoyer des offres d’emploi parce que j’ai un vrai métier… Qui rapporte pourtant moins. Mais pas dans la tête des gens.

Pourquoi est-ce si important ?

Je voulais vous parler de ça, parce que je me suis rendue compte au fil des années que dans la tête des gens, le nom donné au métier change toute la perception qu’on peut avoir d’un personne, même si au fond, on fait toujours plus ou moins la même chose. Il y a quelques années, si je rencontrais des gens et qu’ils avaient le malheur de découvrir que j’étais influenceuse, toutes les discussions ne tournaient qu’autour de l’argent. On ne m’a jamais demandé quel contenu je créais, ce que j’aimais ou non dans mon métier. Aujourd’hui, c’est l’inverse.

Un chef d’entreprise, on ne lui demande pas combien il gagne, on lui demande plutôt ce qu’il fait de ses journées, s’il aime ça ou non… La vision est totalement différentes et pourtant, le métier est presque identique. Je travaille toujours autant comme « influenceuse », j’y passe toujours autant de temps, mais je n’en parle plus du tout, parce que je sais combien c’est un faux métier dans la tête des autres. 

merci d’avoir lu tout ça, tu es vraiment extraordinaire !

2 Commentaires

  1. Marianne B
    22 mars 2021 / 14 h 44 min

    Effectivement c’est drôle comme on peut coller des étiquettes à partir d’un simple mot sans chercher à creuser… Article très intéressant ! Des bisous 😘😘

    • enabla
      Auteur / autrice
      22 mars 2021 / 16 h 11 min

      Merci Marianne, je suis ravie que ça t’ait plu ! Bisouuus

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