Hello !
Je veux aborder un sujet un peu particulier parce que c’est assez récent pour moi d’accepter et comprendre que j’ai le droit de souffrir. Je veux en parler parce que je crois qu’il est important de le dire mais aussi parce que je suis sûre de ne pas être seule à ressentir ça et que mon message pourra peut-être aider certaines personnes.
Je suis une personne hypersensible, je ressens à peu près tous mes sentiments fois mille. Quand je suis heureuse, je le suis plus que la moyenne, je pleure de joie régulièrement pour quelque chose qui ferait à peine sourire quelqu’un d’autre. On me dit souvent que c’est un peu ridicule, mais ce n’est pas si grave.
Mais également dans le sens contraire, dès que je suis triste, déçue, en colère, que je me sens trahie ou blessée, je le ressens beaucoup plus fort que je ne devrais. Je ne sais pas si c’est uniquement dû à mon hypersensibilité ou s’il y a également une part de mon passé qui m’impose cette souffrance beaucoup plus forte. Mais peu importe, je ressens réellement ces sentiments.
On m’a beaucoup trop souvent dit que ce n’était pas si grave, que je n’avais pas de raison d’être si malheureuse, qu’il existe bien pire, qu’untel a déjà vécu plus difficile et qu’il a survécu… J’ai longtemps caché mes sentiments, pleuré en silence et jamais vraiment osé dire quand ça n’allait pas, par peur de recevoir encore ces remarques.
Si vous vous reconnaissez dans mes mots, je veux vous dire que vous avez le droit de souffrir, que vous avez le droit d’être très malheureux d’une situation même si d’autres le vivent mieux. Personne n’a le droit de vous dire dans quel cas vous avez le droit d’être triste ou non. Chacun ressent les choses différemment et c’est normal.
Je crois que les gens qui veulent nous aider en nous disant que ce n’est pas si grave font tout le contraire. Je sais bien, que ça ne part pas d’une mauvaise intention et qu’ils veulent souvent dédramatiser la situation, mais pour celui qui souffre, c’est souvent insultant. On a l’impression qu’on nous enlève ce droit de souffrir et qu’on nous déshumanise. Aujourd’hui, j’essaie de dire à la personne « J’ai le droit de souffrir et tu ne peux pas le juger ». Ça ne plaît pas toujours mais ça remet les choses à leur place, ça permet à la personne de comprendre que sa réaction n’arrange rien et empire même la douleur.
Si un jour vous avez déjà dit ça à quelqu’un, même avec beaucoup de bienveillance, sachez que vous l’avez peut-être blessé. Peut-être aussi que depuis, cette personne n’ose plus vous montrer qu’elle va mal et vous dire ce qui la blesse, peut-être qu’elle se renferme à cause de ces quelques mots que vous n’aviez pas mesurés. Alors prenez le temps de lui dire que vous la comprenez, qu’elle a le droit de ressentir les choses plus fort et d’avoir mal et que vous ne jugez pas ses sentiments.
Je ne reproche absolument à personne de m’avoir interdit d’avoir mal, je sais que personne ne s’en est rendu compte et que ça ne partait pas d’une mauvaise intention. Mais avec un peu de recul et après en avoir discuté avec un psychologue, je crois quand même qu’une partie de mon histoire aurait pu mieux se passer si j’avais osé parler et dire que j’avais mal. Je n’osais plus par peur qu’on me dise encore que ce n’était rien, alors que c’était tout pour moi.
Je ne sais pas trop quel est le message à travers cet article ni si c’est très clair, mais j’avais surtout envie d’ouvrir ce sujet, de rassurer ceux qui sont dans le même cas que moi, d’ouvrir les yeux à ceux qui ne le sont pas et de parler de ce qui m’a blessée pendant près de 25 ans.
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