J’ai eu la chance de louper mon master

Hello !

Je le sais déjà, c’est ce titre un peu spécial qui t’a attiré(e) là ! Tu te demandes en quoi c’est une chance de louper son diplôme, d’arrêter ses études plus tôt que prévu… Mais ce que tu ne sais pas, c’est qu’en réalité, je ne l’ai même pas vraiment loupé, je l’ai arrêté à deux mois d’avoir mon diplôme. Et oui oui, c’était un choix pleinement réfléchi et même la meilleure décision de ma vie.

Pendant longtemps, j’ai refusé d’aborder ce sujet ici, j’avais peur de servir de mauvais exemple pour les plus jeunes, que ça déplaise aux plus studieuses, qu’on me prenne pour une rebelle un peu folle… Et puis tant pis, j’ai envie de vous en parler, de vous expliquer pourquoi j’ai pris cette décision et ce que ça a pu m’apporter depuis deux ans.

POURQUOI J’AI ARRÊTÉ ?

Avant tout, petit retour en arrière pour celles qui ne me suivaient pas : il y a deux ans, j’étais en master e-tourisme. Avant d’entrer dans ce master, j’étais passionnée par les études et j’aimais vraiment ce que je faisais et le fait de travailler, je venais de valider une double licence avec mention bien et je visais un doctorat par la suite. Et puis je suis arrivée dans cette école qui m’a complètement dégoutée de tout ça. Au bout de deux mois en master, je voulais arrêter et ne plus jamais remettre les pieds sur les bancs de la fac.

Durant la première année, j’ai traversé une période très compliquée, dont je vous ai parlé ici ou même ici et j’ai plutôt loupé mon premier semestre. Oui, 37h de cours par semaine, trois jobs étudiants et une dépression, ça complique les choses, en plus des profs rabaissants et déstabilisants. À la fin de l’année, j’ai passé mon été à bosser mes rattrapages (honnêtement, je n’ai jamais autant travaillé que pour ce master, même en double licence, écrire deux mémoires en allemand, c’était beaucoup moins d’heures d’investissement !) pour finalement redoubler suite à une erreur de l’administration. Tu sais, quand ils oublient de te compter un 16 coeff 4 et que ça fait passer ta moyenne à 9,94 et que tu ne valides pas ton année… Toi aussi tu la ressens la haine là ?

J’ai eu vraiment beaucoup de mal à me remettre de tout ça. J’avais toujours aimé travailler et étudié, ils avaient réussi à me dégouter et me faire perdre toute confiance en moi. Je me sentais nulle, j’étais une de celles qui avait le plus travaillé parmi mes copines et la seule à redoubler. J’avais énormément de mal à accepter ce qui se passait, j’ai développé une phobie scolaire. Je n’arrivais plus à aller en cours, je pleurais tous les jours, j’avais une boule au ventre avant chaque examen, plus aucune motivation pour rien, j’étais éteinte à l’intérieur.

Bref, après tout ça, c’était très compliqué. Mais j’ai vu une lumière au bout du tunnel, j’ai trouvé un stage formidable à Bali. Je me disais que j’allais valider ce stage, finir ces deux mois de cours ensuite et obtenir ce fichu diplôme. Mais ça ne pouvait pas se passer si bien, les profs ont refusé mon stage. Alors là, je ne me suis pas laissée abattre, j’ai pris rendez-vous avec le directeur de l’école, je lui ai rappelé que j’avais redoublé suite à une erreur d’administration et que j’avais déjà été pénalisée sans raison, il a fini par accepter de valider mon stage et j’ai pu partir à Bali.

Là-bas, j’ai tout réappris. Qui j’étais, ce que je voulais faire et devenir, la vie que je voulais vivre. J’ai rencontré beaucoup de gens, qui m’ont fait comprendre qu’on n’a pas besoin d’un diplôme pour créer ce qu’on veut créer, encore moins lorsque comme moi, on a une âme d’entrepreneur. J’ai longuement discuté avec des gens qui n’ont même pas le bac, d’autres qui n’ont pas de diplôme supérieur, mais pourtant tous heureux et à la tête de business tous plus fous les uns que les autres, d’entreprises qui fonctionnent et qui les épanouissent. J’ai appris à sortir de cette case dans laquelle j’étais depuis toujours, à accepter qu’on puisse construire une véritable vie professionnelle sans valider de diplôme.

J’ai aussi appris que j’étais capable de faire ce que je faisais. Je suis arrivée à Bali avec une énorme perte de confiance en moi, persuadée que j’étais nulle et que je n’y connaissais rien. Forcément, c’est ce qu’on m’a répété au quotidien pendant mes cours, j’avais affaire à des profs qui aimaient apparemment rabaisser leurs élèves. Je ne parle pas que de moi, évidemment, on était beaucoup dans ce cas et on était tous démotivés et dépités, mais j’étais sûrement plus faible et sensible que d’autres. Au fur et à mesure de mon stage, j’ai appris à reprendre confiance en moi. On m’a dit que je faisais bien mon travail, que j’étais douée dans mon domaine, que je connaissais mon métier, j’ai fini par y croire et aller de l’avant.

Je vous raconte ma vie, mais vous vous demandez peut-être ce qui a fait que j’ai décidé d’arrêter à ce stade et de ne pas suivre ces deux derniers mois de cours avant de valider un diplôme. Eh bien tout simplement, après ces six mois à apprendre à m’aimer, à découvrir qu’on peut créer sa vie sans diplôme, à accepter que je n’étais pas une incapable et que j’avais la possibilité de faire ce que je voulais faire, je ne me voyais pas reprendre deux mois et retomber dans toute cette souffrance juste pour un morceau de papier. Alors j’ai longuement réfléchi et finalement, c’était une évidence, je ne voulais pas terminer ce master. Je n’aurais même pas été fière d’avoir validé ce diplôme, parce qu’il aurait été tant de souffrances et un atroce moment de ma vie, que je n’aurais pas aimé l’avoir validé.

Pendant encore un moment, je restais dans ma case et j’avais du mal avec l’idée d’arrêter définitivement les études. Je savais que j’avais vraiment aimé étudier, que j’avais validé une double-licence, j’avais du mal avec l’idée d’avoir fait tout ça pour rien. J’ai cherché d’autres masters, dans une autre école. Mais je ne me sentais plus capable de reprendre deux ans d’études. J’ai pensé à faire une année de licence pro, histoire de valider un diplôme « qui servait à quelque chose »… Mais au final, ça revenait toujours à la même chose : faire des études pour obtenir un diplôme, pas par envie ni passion, et dans quel but ? J’ai abandonné l’idée, j’ai pris la décision d’arrêter mes études définitivement.

EST-CE QU’ON TROUVE DU TRAVAIL SANS DIPLÔME ?

Je crois que c’est la réaction que j’ai le plus eue suite à ma décision. On m’a dit un bon milliard de fois que je ne trouverais jamais de travail si je ne validais pas mon master, que j’avais perdu deux ans de ma vie, que je faisais une grave erreur… Je crois que c’est ce qui m’a donné encore plus de force, finalement. J’ai commencé à chercher du travail début octobre, j’ai été embauchée quelques jours plus tard.

Sur la totalité de ma promo de master, moins de 50% sont allés au bout du master, et parmi ces 50%, encore 50% n’avaient pas encore trouvé de travail quand j’ai trouvé moi-même. Alors est-ce qu’on trouve du travail sans diplôme ? Oui. Exactement dans mon domaine, dans une boîte qui me plaisait, c’était parfait !

Evidemment, ce n’est pas le cas pour tous les corps de métier, je ne suis pas là pour vous dire d’arrêter vos études et de foncer chercher du travail ! Il y a des tas de métiers qu’on ne peut pas faire sans avoir validé un diplôme particulier, il y a des tas de compétences qu’on n’apprend qu’à l’école, il y a beaucoup d’étudiants qui aiment les études et sont passionnés, alors si c’est le cas, continuez ! Je ne cherche pas à servir de modèle mais bien à partager mon expérience et aider certaines personnes qui peuvent passer la même période que moi et se sentir incroyablement nuls à cause de mauvais professeurs. Je ne remets pas en cause non plus le métier de professeur. J’ai grandi entourée de profs et j’ai adoré 90% de mes professeurs, ce sont eux qui ont fait que j’aimais tant les études auparavant et que je suis qui je suis aujourd’hui. Comme partout, il y a des bons et des moins bons, des gens faits pour enseigner et d’autres qui auraient dû s’abstenir.

Après six mois en temps que salariée, j’ai décidé d’enfin me lancer à mon compte. Ça a été la meilleure décision de ma vie, d’enfin écrire ma vie professionnelle comme j’avais envie de la vivre. Avec mes expériences professionnelles, j’avais acquis suffisamment d’expérience pour en vivre et devenir mon propre patron. La girlboss qui sommeillait en moi s’est réveillée et a pris tout ce booster de confiance qu’on lui avait donné à Bali, oublié ces moments plus compliqués des études et décidé de se lancer dans le grand bain. J’étais heureuse, je faisais ce que j’aimais, j’avais cette revanche sur la vie suite à mon échec scolaire et ce diplôme non validé, j’ai définitivement compris que c’était la bonne décision.

ET SI C’ÉTAIT À REFAIRE ?

Je le referais mille fois. Je ne suis pas quelqu’un qui regrette son passé, il fait de moi ce que je suis aujourd’hui, mais je crois que si je pouvais, j’arrêterais même avant, ou j’irais dans une autre école en tout cas. Parce que ce ne sont pas les études qui m’ont dégoutée et détruite, c’est l’école. Mais on ne refait pas le monde, je suis très contente de cette décision, qui a été la meilleure que j’ai pu prendre, de loin.

Je pense que les études sont une étape très importante de la vie, elles font de nous qui on est et qui on sera. Mais il y a une école bien plus importante que toutes les autres à mes yeux, celle de la vie. L’école de la vie, c’est un mélange de toutes les rencontres qu’on fait, des conversations qu’on a, de nos valeurs, de nos erreurs et nos échecs, de nos peines et de nos bonheurs, de nos réussites, de tout ce qu’on retire du quotidien. C’est elle qui m’a formée le plus.

Je crois que quand on a pris la décision de ne pas poursuivre les études, on ne doit pas arrêter d’apprendre pour autant. Je passe beaucoup de temps à me renseigner sur les nouveautés de mon domaine, à regarder en ligne des videos, des tutoriels, des formations, à m’informer, à découvrir plus pour progresser à chaque instant. Donc on ne peut pas vraiment dire que j’ai tiré un trait sur l’éducation et l’apprentissage, j’ai juste commencé à le faire autrement pour progresser d’une manière différente.

Si je dois conclure, je vous dirais de vraiment vous écouter, sans vous demander ce que penseront les autres. Si vous voulez faire quelque chose qui nécessite un diplôme à tout prix, faites des études (non, on ne peut pas devenir avocat ou médecin sans diplôme). Si vous aimez étudier, continuez. Si vous en avez marre et que vous savez que vous pourriez arrêter tout en faisant ce que vous aimez, eh bien arrêtez ! Faites ce qui vous rend heureux(se), vous !

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merci d’avoir lu tout ça, tu es vraiment extraordinaire !

10 Commentaires

  1. Nuage
    27 mai 2019 / 18 h 59 min

    Bonjour, je viens de tomber sur ton blog très inspirant et sur cet article qui me concerne en partie. Je suis en pleine réflexion quant à la question de reprendre mes études ou pas et c’est plutôt difficile.
    Après avoir validé ma première année de prepa et débuter ma deuxième année j’ai été contrainte d’arrêter car j’ai fais une grave dépression. ( pas seulement à cause de la prepa, surtout à cause de sérieux problèmes familiaux..) C’était il y a deux ans et je m’en remet comme je peux. Là j’ai plutôt peur, je me dis que rester une année de plus sans être scolarisée me portera forcément préjudice car à part mon bac je n’ai pas de diplôme.Je fais des choses à droite à gauche mais j’ai vraiment du mal à trouver ma voie et me lancer dans qlq chose car je suis plutôt en retrait et j’ai du mal à accepter les autres dans ma vie… Alors voilà je pose ça là.. Je serai honorée d’avoir tes conseils et avis là dessus..

    • enabla
      Auteur / autrice
      29 mai 2019 / 8 h 49 min

      Hello ma belle,
      Je te dirais vraiment de t’écouter, si tu penses que tu n’es pas prête à reprendre des études, ne le fais pas, tu peux faire une année à l’étranger, un service civique, trouver un job pour mettre de l’argent de coté, faire des stages qui t’aideront à trouver ta voie… Je crois que si tu ne sais pas ce que tu veux et que tu n’as pas confiance en toi, tu devrais apprendre à t’écouter. Ne fais pas des études juste pour avoir un diplôme, prends une année de plus pour trouver ce que tu veux vraiment comme diplôme et pourquoi. Bon courage ?

  2. Bosk
    5 avril 2019 / 10 h 32 min

    Juste pour précision:

    Vous n’êtes pas sans diplômes. Vous avez une double licence validée. Pour moi n’ait validé que le bac c’est déjà beaucoup. Et même moi qui ait le bac je suis plus diplômé qu’une bonne partie des français qui n’arrivent même pas jusque là.

    Je ne sais quel travail vous avez trouvé en quelques jours, mais mon petit doigt me dit que si vous n’aviez pas le niveau pour valider ne serait-ce qu’un brevet des collèges vous ne l’auriez peut-être pas obtenu si rapidement.

    Alors vous avez un parcours intéressant et il montre qu’il n’est pas obligé de suivre un chemin tracé pour avoir une vie pro intéressante (je suis content de la mienne en étant moins diplômé que vous).
    Mais non, vous n’êtes pas sans diplômes, et le fait que vous ayiez ces diplômes et la formation qui a amené à les avoir sont une aide dans votre parcours.

    En tout cas bonne continuation sur la voie que vous avez choisie. Réussir à faire ce qui nous rend heureux est important et il faut savoir sortir des chemins battus.

    • enabla
      Auteur / autrice
      7 avril 2019 / 6 h 05 min

      Bonjour,

      Comme je le dis dans l’article, je ne suis pas sans diplôme en effet, je n’ai juste pas de master. Je n’ai jamais prétendu que ma formation ne m’avait pas aidée à arriver jusqu’ici, je dis justement que c’est le cas et que même sans le morceau de papier qu’est le diplôme, je peux exercer mon métier parce que j’ai les compétences nécessaires.

  3. 24 mars 2019 / 14 h 52 min

    Coucou Albane !
    Je me reconnais beaucoup dans cet article car après avoir passé 1 an et demi à la fac j’ai tout laissé tomber du jour au lendemain. Je recherche des petits boulots à droite et à gauche en attendant d’entreprendre quelque chose, une nouvelle aventure qui s’offre à moi. Je n’ai pas vraiment confiance en moi et chaque jour je suis pleine de doutes quant à cette nouvelle expérience : comment ça va se passer, vais-je m’en sortir, est-ce que je ne rêve pas un peu trop ? Beaucoup de question mais je pense que c’est normal quand on se lance à son compte.
    En attendant que tout cela se concrétise je lis tes articles, regarde tes vidéos et te suis sur les réseaux pour me donner de la motivation et de la force à affronter tout ça après avoir plusieurs fois chutais dans la dépression. J’ai confiance en l’avenir, j’ai hâte de voir ce qu’il me réserve et le meilleur ne peut être que devant moi.
    Merci Albane, à bientôt.

    • enabla
      Auteur / autrice
      25 mars 2019 / 3 h 47 min

      Merci Lorène pour ton message, j’espère que mon partage d’expérience t’aidera à te sentir un peu moins en dehors de la norme et à prendre les bonnes décisions. Ecoute ton coeur, c’est tout ce que je peux te conseiller ! Bisous

  4. 21 mars 2019 / 22 h 20 min

    Tu as suivi ton coeur et ton instinct dans une société qui ne jure que par un diplôme et pour ça toutes mes félicitations !
    Je te souhaite beaucoup de succès dans tout ce que tu entreprends 🙂

    A très vite !

    • enabla
      Auteur / autrice
      22 mars 2019 / 6 h 29 min

      Merci beaucoup, ça me fait plaisir de voir que certains comprennent. A très vite !

  5. Marion
    21 mars 2019 / 13 h 03 min

    Coucou Albane!

    Merci pour ton article plein d’ondes positives et je suis vraiment heureuse que tu aies pu trouvé ta voie!

    Ta période à Bali m’a d’ailleurs donné la force de voyager moi aussi seule, cette année là. Je pense que j’ai ressenti ton gain de confiance en toi et je t’en remercie, sans tes snaps et tes partages sur les réseaux sociaux, je n’aurai pas eu le courage de me lancer moi aussi! (Rien à voir avec les études mais ça valait la peine de le dire!) 🙂

    Bonne continuation pour la suite,

    Lorsque je me sens démotivée je pense souvent à toi car tu incarnes la constance et la réussite à mes yeux!

    • enabla
      Auteur / autrice
      22 mars 2019 / 6 h 27 min

      Oh merci beaucoup pour ton message, il me touche vraiment. C’est une fierté pour moi de pouvoir vous inspirer au quotidien ! Bisous ❤️

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